Tribune : "Pourquoi il faut réécrire la réforme de la biologie"
Par Patrick Lepreux, Président du Syndicat des Biologistes Praticiens (Bioprat)
Officiellement elle a été promue au nom de l’amélioration de la qualité des soins et bouleverse complètement cette spécialité médicale. Officieusement, c’est une mise en vente.
Elle introduit des éléments nouveaux comme les normes industrielles de l’accréditation, la séparation de l’analyse en 3 parties, définit l’existence de structures nouvelles dites « laboratoires multisites », et facilite l’emprise financière sur cette profession.
S’il est légitime d’évoluer, une telle réorientation semble étonnante pour une profession qui n’a jamais provoqué d’accident sanitaire grave, guidée jusque là par lepatientplutôt quepar l’obnubilation économique.
Mais les mesures de cette réforme sonnent commeun véritable formatage marchand, faisant la part belle aux groupes financiers qui câlinent les autorités de tutelle en leur promettant en même temps de raser gratis sur le dos de cette profession.
Les normes surdimensionnées et intenables de l’accréditation servent autant de gage apparent de qualité, que de moyen pour pousser les biologistes vers la sortie toutenbarrantla route aux jeunes.
En effet, le cout exorbitant de l’accréditation (estimé à 150 000 € par an et par laboratoire) accompagné d’aucun gain de rentabilité, oblige à vendre et rend impossible l’installation de la nouvelle génération.
Par contre, aucune prévision sur l’emploi ou l’avenir d’une profession, aucune étude sur l’impact écologique, alors que l’argumentaire de cette réforme regorge de nombreuses études… sauf sur ces sujets. Par ailleurs aucune mesure d’accompagnement n’est proposée.
Bien qu’elles ne fassent pas partie de la réforme, les baisses récurrentes de 3% du CA imposées depuis 7 ans par l’UNCAM semblent lui faire écho au nom des « gisements d’économies ».
Cet argument récurent, grand classique des rapports sur les économies de santé, méprise complètement les efforts et les investissements permanents pour rester à la hauteur de la mission sanitaire.
Ainsi s’ouvre un boulevard aux financiers, qui rachètent les laboratoires les uns après les autres, les dépouillent de tous leurs moyens techniques et humains, les réduisent à des décors, et envoient tous les prélèvements parlivreurs vers leurs usines à analyses parfois éloignées …
Cette nouvelle organisation constitue un véritable tromperie sanitaire légalisée, qui bouleverse complètement une profession en la déshumanisant et en détruisant son savoir, montre immédiatement sa dangerosité quand on imagine les conséquences potentielles d’un prélèvement urgentbloqué des heures dans les embouteillages.
En clair, les contraintes imposées par cette réforme sont telles qu’un laboratoire de proximité ne peut plus réaliser d’analyses urgentes habituellement rendues immédiatement !
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L’acharnement législatif à réformer à ce point uneprofession sans problèmes, pendant queles géants de l’agro alimentaire fraudent sans de tels soucis, dissimule en réalité une hystérie financière qui croit avoir trouvé en la biologie un nouvel eldorado.
Mais cette folie engendre une crise sanitaire grave, et rend urgente la modification de la loi sur la biologie.
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