Déficit en vitamine D chez l’enfant : encore un problème en Europe
Décidément, nous n'avons pas fini de parler de la vitamine D !
Nos confrères du JIM, nous apprenne en effet qu'une nouvelle étude sur le déficit en vitamine D chez l'enfant au Pays-Bas vient d'être publiée (Huibers MHW et coll.: Vitamin D deficiency among native Dutch and first- and second-generation non-Western immigrants. Eur J Pediatr 2014 ; 173 : 583-88.)
Les enfants d’immigrants ont déjà été pointés comme particulièrement à risque de carence en raison des conditions socio-économiques, d’une peau souvent foncée s’opposant à l’action des UV et éventuellement d’habitudes vestimentaires allant dans le même sens.
Ce constat a donc incité des pédiatres néerlandais à conduire une enquête à Amsterdam, où la moitié de la population et les deux tiers des enfants sont d’origine immigrée. De janvier à juin 2011, les parents des sujets de 0 à 18 ans qui venaient consulter aux urgences de l’hôpital universitaire se sont vus proposer, s’ils avaient une prise de sang pour une autre raison, un dosage de 25(OH)D (par HPLC), avec un interrogatoire sur leur origine et leurs habitudes alimentaires. Les enfants ayant une maladie ou un traitement interférant avec la vitamine D ont été exclus.
Au total, 132 patients ont été étudiés : 35 de souche néerlandaise, 80 appartenant aux immigrés de 2nde génération et 17 issus de la 1ère génération. Le taux médian de 25(OH)D était dans ce groupe de population de 49 nmol/l (intervalle 6-264 nmol/l). 1/3 des patients avait un taux de 25(OH)D inférieur à 30 nmol/l et la moitié à 50 nmol/l.
Les enfants immigrants non occidentaux d’âge médian 104,7 mois (12,5-212 mois) avaient un taux médian de 25(OH)D de 38 nmol/l (de 9 à 113 nmol/l) versus 61 nmol/l (6-264 nmol/l) chez les néerlandais d’âge comparable (80 mois ; 13,2 à 198 mois) (p < 0,001). Les immigrants de 1ère génération avaient un taux médian de 31 nmol/l (9-111 nmol/l).
Après ajustement en fonction de l’âge, la saison de prélèvement, et le type de la peau (blanche, noire ou intermédiaire), les immigrants avaient, en comparaison de leurs pairs occidentaux, un risque de carence (< 30 nmol/l) augmenté (odds ratio [OR] = 3,87 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,13 à 13,29 ; p = 0,03), mais aussi d’insuffisance (< 50 nmol/l) (OR = 3,57 ; IC95 de 1,26 à 10,14 ; p = 0,02).
Malgré les recommandations de supplémentation avant 4 ans, seuls 9 enfants sur 23 en recevaient avant cet âge et 13 seulement sur 98 chez les plus âgés.
La carence en vitamine D (et sa prophylaxie) sont donc toujours d'actualité !
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