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La Biologie Médicale à l’heure de la Biomédecine

ARTICLE PUBLIÉ LE 26/11/2021 - LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN 

Depuis deux ans, la discipline s'est trouvée en première ligne avec la crise du Covid. Plus encore que dans d'autres secteurs, le virage numérique a révolutionné les pratiques. Et les praticiens ont été placés au cœur d'une dynamique de coordination des soins, essentielle en période de pandémie. En ville comme à l'hôpital, cela augure de transformations profondes pour l'avenir dont les biologistes médicaux seront moteurs. Quatre représentants de la spécialité, en ville et à l'hôpital, expliquent pourquoi.

Le Quotidien du Médecin 

Si nous devions tirer quelques leçons de la crise sanitaire, nous dirions que notre expertise nous a permis cette « agilité » dans l’adaptation aux situations les plus difficiles, alors même que nous étions confrontés au manque de moyens et aux ruptures de stocks, parfois révélatrices de notre dépendance à d’autres pays producteurs de ces mêmes matériels ou réactifs.

Cette crise sanitaire a également souligné la nécessité d’améliorer la mutualisation des données biologiques et le partage des connaissances scientifiques. L’optimisation de la coordination des soins, au travers de la mise en place de coopérations ville-hôpital et public-privé, s’est imposée à tous.

Enfin, cette pandémie a également été un facteur d’accélération dans le déploiement de pratiques innovantes, que nous devons désormais prendre en compte pour nous projeter dans l’avenir. Le numérique en santé sera au centre de nos pratiques et, comme toute innovation de rupture, il sera souvent source de solutions, parfois vecteur de contraintes.

La médecine de demain sera une biomédecine… Et la biologie médicale doit participer activement à cette (r)évolution, en apportant toute son expertise dans la mise en place des parcours de santé et de soins, avec pour objectif de permettre l’accès des patients à une « médecine des 5P » : Personnalisée, Préventive, Prédictive, Participative et basée sur des Preuves. Le numérique, levier d’accélération qui s’impose à tous avec une dynamique et un rythme accéléré pour transformer en profondeur le secteur de la santé, sera un élément déterminant de l’innovation et de la gestion de ces parcours. Le développement de cette « médecine des 5P » reposera impérativement sur une convergence entre le soin, la recherche et l’innovation, rendant incontournables la collaboration active entre les acteurs concernés.

Demain, la prospective en santé ne se limitera pas au seul risque infectieux. Elle concernera de nombreux autres risques, prévisibles ou non et devra prendre en compte les opportunités et sauts technologiques qu’il faut savoir saisir et dont il faut anticiper les impacts financiers et organisationnels. Parmi les opportunités, c’est en particulier la mise en place de parcours de santé, émaillés d’actions préventives intégrant des professionnels en santé de profils complémentaires. Parmi les risques à venir, certains sont prévisibles et impliqueront la biologie médicale. Ce sont par exemple l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques, l’augmentation du risque d’exposition de la population aux risques infectieux et de l’antibiorésistance ou encore l’augmentation de l’exposition aux polluants et aux toxiques, les problèmes climatiques, etc.

Les biologistes médicaux, grâce à un maillage territorial de proximité, doivent dès à présent faire face à ces transformations profondes qui vont impacter notre système de santé :

- en renforçant leur expertise auprès de leurs collègues cliniciens (par une aide à une prescription pertinente autant que par l’aide à l’interprétation diagnostique et à l’adaptation thérapeutique) en accord avec les recommandations des Sociétés Savantes,

- en s'investissant massivement dans la prévention et le dépistage des maladies chroniques : cancer du col de l'utérus, cancer du côlon, hépatites virales, maladies rénales chroniques, maladies cardio-vasculaires, etc. ,

- en s'impliquant au cœur des nouveaux parcours de soins, notamment dans le cadre des CPTS, des GHT et toutes les organisations de coordination dans les territoires,

- en accompagnant la probable montée en puissance de la Biologie « hors les murs » et de la filière de biologie d'urgence,

- en étant partie prenante dans l’émergence de la médecine moléculaire personnalisée, de la bio-informatique et des nouvelles biotechnologies,

- en étant promoteurs actifs de la recherche biomédicale et du transfert des résultats obtenus sur les biomarqueurs innovants et la médecine prédictive,

- en étant des acteurs moteurs de la révolution numérique avec utilisation des données biologiques à visée épidémiologique (extension de l'aventure « SI-DEP» [Système d'information national de dépistage populationnel pour le Covid-19, NDLR] à d'autres champs).

Les biologistes médicaux des secteurs public et privé, forts de l'expérience de coordination acquise lors de cette épidémie, sont unis et mettront leur énergie en commun pour faire face à ces défis.

Dr Isabelle Aimone-Gastin, présidente du Conseil National Professionnel de Biologie Médicale Dr Lionel Barrand,  président du Syndicat National Les Biologistes Médicaux Pr Jean-Paul Feugeas, président du Syndicat National des Médecins Biologistes de CHU Dr Carole Poupon, présidente du Syndicat National des Biologistes des Hôpitaux
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