Itinéraire d’un biochimiste médical hospitalo-universitaire convaincu – Jean-Louis Beaudeux
Le bac scientifique acquis à 17 ans correctement mais sans éclat, l’envie de devenir pharmacien officinal révélée quelques temps auparavant, les études de pharmacie à Paris Descartes ont été une évidence, avec un groupe de copains/copines source d’émulation et de motivation pour affronter des études que je jugeais longues mais passionnantes... mais que finalement je connaissais à peine !
Un bon classement à la fin de la première année d’études, un cursus honorable et me voilà en 1985 en première année de l’internat de biologie médicale à l’hôpital Lariboisière (APHP). Mon intégration dans l’équipe de biochimie hospitalière, universitaire et de recherche dynamique sera déterminante. Elle révèlera ma passion pour la biochimie fondamentale et clinique. Quelques publications plus tard, une Thèse d’université et une HDR confortant le stress oxydant comme élément de la physiopathologie artérioscléreuse, et enfin une titularisation universitaire et hospitalière (MCUPH puis PUPH en 2005) n’auront pas assouvi mon envie de contribuer.
Un fil conducteur de ma carrière est la recherche fondamentale/transrationnelle sur la biochimie des radicaux libres et des antioxydants, initialement appliquée aux lipoprotéines, puis à l’endothélium vasculaire (concrétisée par la création d’une équipe de recherche hospitalo-universitaire, 2009-2014) et enfin à la physiopathologie placentaire (ontogenèse fœtoplacentaire, retard de croissance in utero, pré éclampsie).
Côté hôpital, une activité de recherche clinique me permettra de contribuer au développement de l’utilisation de la protéine S100B pour le diagnostic biologique du traumatisme crânien (1997-2017).
La volonté d’orienter stratégiquement, au niveau local, une politique d’évolution de la biochimie médicale hospitalière et son organisation m’amènera à des fonctions de chef de service (2008-2012 à Charles Foix et 2015-2020 à Necker-Enfants malades) et de chef de pôle (2008-2012) … avec bien sûr toutes les commissions hospitalières et institutionnelles afférant à ces fonctions.
Une certaine envie d’accompagner la vie de la Profession m’engagera à la SFBC : membre de groupes de travail, du Bureau du conseil d’administration, tout en assurant la rédaction en chef des Annales de Biologie Clinique (2008-2018). L’envie de représenter la biologie hospitalière hospitalo-universitaire publique m’a ensuite conduit au Bureau de la section G de l’Ordre national des Pharmaciens depuis 2019.
Mon implication universitaire a été de plus en plus présente ces 15 dernières années, à la fois pour l’enseignement et l’envie de transmettre un savoir et des compétences aux futurs pharmaciens, mais aussi pour gérer et orienter les contenus et les modalités de la formation à la Faculté de pharmacie de Paris, en biochimie (enseignant depuis 2002), pour l’ensemble du cursus des études (assesseur en charge de la pédagogie, 2012-2017).
Avec la bienveillance du Corps enseignant et des personnels de la Faculté, j’accède aux fonctions de Doyen de la Faculté en 2017 : je connais donc aujourd’hui les vicissitudes de la fonction mais aussi la satisfaction de participer aux décisions universitaires et de mettre en œuvre des projets pédagogiques, de recherche et d’administration de la Faculté. Bien sûr, mes missions hospitalières et de recherche sont un peu moindres, mais j’ai à cœur de rester en contact avec le laboratoire hospitalier et l’unité Inserm, car la pluridisciplinarité des fonctions est une caractéristique essentielle de notre profession.
Il n’est pas encore temps pour moi de faire un bilan de fin de carrière ! Ce retour sur un bout de mon exercice professionnel écoulé est juste l’occasion de souligner l’activité certainement pas complète mais au moins multiple et diversifiée de la fonction de biologiste médical du secteur public. Les quatre missions hospitalo-universitaire ont, me semble-t-il, été menées à bien : la pratique de la biologie médicale pour la pris en charge du patient, l’activité d’enseignement pour les étudiants en pharmacie, l’activité de recherche scientifique et médicale et les responsabilité managériales hospitalières et universitaires.
Avec les charges professionnelles actuelles dans ces domaines, il est aujourd’hui illusoire de maintenir simultanément une égalité d’activité dans ces quatre missions. Par contre, vérifier régulièrement qu’aucune n’est omise ou sous-effectuée permet d’être pleinement biologiste médical hospitalo-universitaire, avec une autorité hiérarchique bicéphale (Ministère des Solidarités et de la Santé et Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation).
Au total, les journées sont parfois longues, les prises de décision quotidiennes et parfois difficiles, les responsabilités constamment engagées… comme pour un grand nombre d’entre vous dans votre exercice professionnel. La passion du métier et l’altruisme pour les patients, la recherche, la transmission aux jeunes générations et la volonté d’influer sur la Profession sont, comme pour vous dans vos activités professionnelles, une satisfaction de tous les jours et une raison de poursuivre mon engagement public.
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