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VIH : Dispositif "Au Labo Sans Ordo" - Interview du Dr. Hervé Fontanet

Hervé Fontanet, vous expérimentez le dispositif Au Labo Sans Ordo (ALSO) depuis plusieurs années dans votre département des Alpes-Maritimes. Pourriez-vous nous expliquer quel en est le principe ?

"L’opération VIHTEST a été menée parallèlement dans les départements des Alpes-Maritimes et de Paris. Ce dispositif a été mis en place par l’équipe du Dr Pascal Pugliese, infectiologue au CHU de Nice, en juillet 2019. Il consiste à proposer à toute personne qui le souhaite de réaliser une sérologie VIH par test ELISA, dans les laboratoires d'analyses et de biologie médicale, sans prescription préalable et avec prise en charge par l’assurance maladie.

L'objectif annoncé est d'augmenter de manière significative la couverture du dépistage du VIH pour réduire le délai entre l'infection et le diagnostic, améliorer la première étape de la prise en charge VIH, infléchir l'incidence des nouvelles infections et ainsi permettre d'atteindre la fin de la transmission du VIH en 2030".

En pratique, comment fonctionne le dispositif ?

"Il y a eu une campagne d’information d’ampleur, dans la presse et sous forme d’affichage, en ville et dans les laboratoires. Les patients se présentent sans ordonnance au laboratoire et nous réalisons les sérologie VIH. 

C’est souvent l’occasion d’un échange avec le patient qui nous permet de répondre à des questions, de faire passer des messages de prévention et de transmettre de l’information médicale (délais recommandés entre une éventuelle prise de risque et la réalisation d’une sérologie, autres IST, existence de consultations spécialisées etc.)".

Qu’est-ce que cela peut entraîner en termes de changement, en cas de découverte d’une sérologie positive ?

"En cas de sérologie positive, nous avons un accès privilégié à un service de navigation vers le soin assuré  par la Coordination Régionale du VIH sur PACA Est basée au CHU de Nice. Le navigateur programme un rendez-vous dans les 48h avec un infectiologue du territoire. En pratique lorsque le patient revient pour faire la sérologie de contrôle, nous prenons le rdv avec lui. C’est l’infectiologue qui rend au patient le résultat du western blot (que nous avons envoyé au CHU de Nice sur le 1er prélèvement) et confirme le diagnostic. C’est un réel progrès dans la prise en charge des patients qui permet d’orienter sans délai les patients dans une démarche thérapeutique. 

Cet accès à la navigation vers le soin  est également utilisé pour les découvertes de sérologies VIH positives suite à une prescription médicale. Nous prévenons systématiquement le médecin prescripteur qui est en général complètement satisfait de cette prise en charge rapide et efficace de son patient"

Pouvez-vous dire que cette expérimentation est donc un succès ? 

"Complètement. Voici quelques chiffres : 

L’offre ALSO représente 7,2% de l’activité de dépistage VIH en LBM à l’échelle des 2 départements entre juillet 2019 et décembre 2020 soit 12 086 tests ALSO dans les Alpes-Maritimes et 32 652 à Paris. 

L’analyse des taux de découvertes de séropositivité dans les Alpes-Maritimes montre que l’offre ALSO apporte près de 3 fois plus de découvertes que par test prescrit au second semestre 2019 (ALSO: 1,4 pour mille ; test prescrit: 0,48) et près de 2 fois plus sur les 18 mois de l’expérimentation (ALSO: 0,91 pour mille ; test prescrit: 0,48).

L’offre ALSO bénéficie nettement plus aux hommes qu’aux femmes dans les deux départements et se différencie fortement en cela des tests sur prescription. Les jeunes de 18 à 24 ans et les personnes de 45-54 ans sont surreprésentés dans ALSO".

Quelle conclusion tirez-vous de cette expérimentation ?

"L’opération Au Labo Sans Ordo est un succès reconnu, ce qui a conduit à étendre le dispositif à l’ensemble des départements depuis le début de l’année 2022.

Cela contribue à identifier le laboratoire comme acteur des actions de santé publique et le biologiste comme interlocuteur de 1ère intention dans certaines situations. Idéalement nous aurions aimé que le dispositif inclue d’autres IST mais c’est déjà une étape importante, tout comme le sera peut-être un jour la prescription syndromique"

 

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