Dr Stéphanie Haim-Boukobza - Portrait d'une Responsable pôle infectiologie laboratoire Cerba
Bonjour Stéphanie, est-ce que tu peux nous décrire un peu ton parcours ?
Bonjour, après avoir réalisé des études de pharmacie à la Faculté de Paris 5, je me suis très tôt intéressée à la virologie. Convaincue depuis le début de mes études, que la biologie médicale était ma vocation, je me suis lancée sans hésitation dans l’internat de biologie. Je me suis posée énormément de questions entre carrière hospitalière et privée, j’ai donc décidé d’entreprendre une carrière hospitalière pour commencer. Lors de mon externat de 5e année, j’ai effectué mon stage clinique dans le service de maladies infectieuses à la Pitié Salpêtrière. Une révélation pour moi lorsque je découvre la réalité des patients VIH et la complexité des traitements, ainsi que le niveau d’expertise requis pour bien les prendre en charge ! Cette expérience me conforte dans mon « projet virologique », en étant consciente que cette discipline un peu particulière était (à l’époque) difficile à caser en ville... Pari risqué mais quand on est passionné il faut faire ce que l’on aime, c’est mon credo !
J’ai ensuite effectué mon internat de biologie à Paris : avec trois stages de virologie, ainsi qu’une année supplémentaire en pharmacologie des antirétroviraux à Bichat. Toutes ces expériences m’ont beaucoup passionnées. J’ai passé un Master 2 en virologie puis une thèse de science sur le VIH, à la Pitié Salpêtrière. Dans la foulée, j’ai accepté un poste d’AHU à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif, Univ. Paris Saclay) au moment de la révolution des nouveaux agents anti-VHC, ce qui était une expérience enrichissante, dont je garderai un souvenir magnifique des personnes formidables que j’ai rencontrées au centre hépato-biliaire ! En revanche, dans mon service de virologie, je n’aimais pas la façon d’exercer mon métier, trop de lourdeurs administratives, trop de politique, moi ce que je voulais faire c’était de la virologie mais sans « me prendre la tête ». Après trois ans et demi dans ce service, comme d’autres, je quitte donc l’hôpital...
Venant d’accoucher de ma 3e fille, je prends un poste à 80% et fais des remplacements en ville pendant deux ans et demi dans un super groupe francilien de 15 laboratoires (BIOVSM-LBI), muni d’un super plateau technique et surtout de personnes vraiment très sympas et très pros. Je découvre, à ce moment-là au sein des différents sites pré-post dans lesquels je remplace, la situation ubuesque de toutes ces femmes qui ne trouvent plus de gynécos et qui ne savent pas où aller faire leurs frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus et l’interdiction des pharmaciens biologistes de pratiquer ces frottis.
C’est alors que je m’engage au sein des BIOMED (les « jeunes biologistes » à l’époque…). Bien qu’étant très heureuse dans l’organisation beaucoup plus saine de cette structure privée, je reste tiraillée car la virologie pointue me manque beaucoup. C’est là que je reçois un appel pour travailler au laboratoire Cerba. Choix cornélien : rester où j’étais, ou alors refaire de la virologie - ma passion - dans cet énorme laboratoire un peu impressionnant et qui m’était complètement inconnu ?
Et donc, est-ce que tu y es allée et as-tu pu te poser ?
Je me suis dit qu'il fallait tenter de nouvelles expériences et à posteriori je ne regrette pas ce choix ! J’y ai même fait des découvertes extraordinaires : de la très belle virologie avec TOUS, je dis bien TOUS les virus possibles et imaginables ! Un recrutement fabuleux ! Un dialogue avec énormément de gens différents : prescripteurs, médecins généralistes ou plus spécialisés, sages-femmes, biologistes hospitaliers ou de ville, etc…
Un beau plateau technique animé par des personnes très compétentes mais également des services support : IT, qualité, secrétariat etc… qui permettent de nous améliorer sans cesse en termes de workflow et de performances. Et surtout des supers collègues biologistes tous plus compétents et passionnés les uns que les autres, que ce soit en infectiologie, comme dans d’autres pôles d’expertise !
As-tu pu devenir manager ?
Je découvre la chance d’avoir l’opportunité de manager une équipe de 4 puis 5 biologistes. Et c’est ensemble, en équipe, que nous avons traversé la crise COVID, au gré des différentes missions que nous nous sommes vu confiées : dépistage de masse, criblage, séquençage. Nous devions également adapter nos techniques aux nouveaux variants de façon incessante, nous avons aussi pu découvrir au sein de l’activité nous-mêmes de nouveaux variants, suivre l’épidémiologie des différentes régions avec Santé Publique France, activer des partenariats scientifiques avec des épidémiologistes et contribuer à de nombreuses publications scientifiques et différentes actions de communication (webinaires, médias, supports de formation, etc…). La gestion d’une épidémie à Cerba, je vous l’assure c’est vraiment de la grandeur nature !
Et au niveau des BIOMED, quelles sont tes missions ?
En parallèle, mes activités au syndicat se sont intensifiées et j’ai pu participer avec Lionel Barrand (Président du syndicat), et d’autres membres du bureau aux différentes réunions avec les autorités ou nous faisons remonter les problématiques de terrain. Par ailleurs, entre nous, nous échangeons beaucoup sur l’avenir de la profession et nous défendons notre vision au sein des instances gouvernementales dans lesquelles nous siégeons.
Nous sommes unis face à nos problématiques quotidiennes, d’autant plus pendant la période COVID, qui a secoué la profession. Sans être non plus une « Erin Brockovich » de la biologie, j’ai adoré mener des combats qui me tenaient à cœur : HPV en primo dépistage, l’autorisation par les biologistes pharmaciens de pratiquer le frottis pour le dépistage du cancer du col, l’accès au dépistage et au séquençage COVID au sein des laboratoires privés, ou aujourd’hui un accès facilité au dépistage du Monkeypox pour faciliter le parcours de soin des patients…ce qui n’est pas sans rappeler des petits souvenirs de février 2020 !
Un dernier mot pour définir ton métier ?
Pour moi le métier se définit en premier lieu par l’expertise, voire la super-expertise, productrice de valeur ajoutée, en la rendant bien sûr toujours accessible à tous, mais il y a également de multiples carrières possibles dans ce métier: expertise, informatique, qualité, management, etc… Et toutes ces nouvelles casquettes qui peuvent s’ajouter ou remplacer les précédentes au fur et à mesure de la vie professionnelle, c’est ce qui fait toute la richesse de ce métier ! Celui de demain reste à remodeler en permanence en tenant compte des évolutions technologiques et numériques… et c’est avec passion et foi en l’avenir que nous y réfléchissons activement au sein des BIOMED.
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Stéphanie Haim-Boukobza
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