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Tanguy Leroux - De l’objectif d’un microscope à celui d’une caméra

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Salut Tanguy, est ce que tu peux nous décrire un peu ton parcours atypique ?

Bonjour à tous, moi, c’est Tanguy : biologiste normand fraîchement diplômé. Aujourd’hui, les Biomed m’ont invité à vous parler de mon parcours quelque peu… atypique ! En effet, celles et ceux ayant déjà visionné mes vidéos YouTube le savent : je suis en parallèle de mon métier de biologiste… un vidéaste passionné ! Depuis toujours, je m’intéresse aux caméras, à la mise en scène, aux effets spéciaux etc… A la fac, je réalisais déjà toutes sortes de vidéos : Les aftermovies d’événements, de fausses pubs et des parodies dans lesquelles on faisait jouer nos profs et que l’on projetait ensuite devant l’ensemble des étudiants, le soir du gala ! Par la suite, après m’être essayé à plusieurs genres de films, je me suis particulièrement intéressé au documentaire. Inspiré par certains vidéastes qui parlaient de sciences de manière accessible sur YouTube comme Dr Nozman, Science étonnante, mais aussi l’émission C’est pas Sorcier, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? »

Une fois le concours de l’internat passé, j’ai commencé à écrire et tourner une vidéo de vulgarisation scientifique sur le Ténia, plus connu sous le nom de ver solitaire, ce célèbre parasite intestinal qui a hanté notre enfance… Ainsi, chaque soir, en rentrant de la pharmacie où je travaillais à l’époque, je m’attelais à travailler sur ma vidéo. Je tâtonnais sur mon logiciel de montage en assemblant mes rushs, en créant des animations, en suivant des tutoriels et en enregistrant en boucle ma voix off qui ne me satisfaisait jamais…  Après plusieurs semaines de travail intensif, j’ai créé une chaîne YouTube éponyme et j’y ai finalement posté cette fameuse première vidéo.  Ce petit reportage artisanal, filmé avec un smartphone dans une salle de TP de la fac a comptabilisé, à ma grande surprise, plus de 90 000 vues ! Et par le plus grand des hasards, un de mes amis m’informait, cette année-là, de l’existence d’un concours de vidéo scientifique national, organisé par l’UNESS.Je m’y suis inscrit et j’ai remporté le premier prix ! Ce concours m’a permis de m’acheter une caméra digne de ce nom et m’a motivé à déclencher plus souvent le bouton Rec !

Et ton internat de biologie, tu as kiffé ?

Carrément !
J’ai fait une maquette plutôt polyvalente, car j’appréciais le fait de pouvoir interpréter de manière globale les cas cliniques et avoir des connaissances dans chacune des spécialités. 
J’ai particulièrement apprécié le niveau 2 (la phase d’approfondissement et de consolidation) parce qu’on nous donne plus de responsabilités et que l’on peut découvrir différents types d’établissements. Pour ma part, j’ai fait des stages en CH périphérique à Dieppe et Elbeuf. Ce sont des structures à taille humaine, que j’ai adoré ! 

Puis j’ai effectué mon dernier stage d’internat au laboratoire du centre de lutte contre le cancer Henri Becquerel, qui fut extrêmement intéressant et formateur. Pour la petite histoire, j’ai commencé mon internat à Rouen en 2017. Je découvrais alors l’univers des laboratoires qui m’était jusque-là assez inconnu : fini le temps d’apprendre par cœur dans des livres dans le but de répondre à des QCM, sans vraiment savoir de quoi on parlait ! Cette fois-ci, j’étais sur le terrain : je manipulais les échantillons biologiques, je voyais les cultures de bactéries et visualisais ce qu’était un antibiogramme, j’observais et apprenais à reconnaître les cellules du sang au microscope… Autant vous dire que ces premiers pas en labo étaient pour moi une grande source d’inspiration pour créer de nouvelles vidéos.

De plus, en tant que jeune interne enthousiaste de sa spécialité, je me suis rendu compte que mes proches n’avaient pas la moindre idée de ce que je faisais concrètement au quotidien ! Ma mère ne voyait pas ce que je pouvais bien fabriquer pendant mes gardes de nuit au labo ! J’ai donc décidé pendant l’une d’entre elles, de prendre ma caméra avec moi et de filmer : les analyses, les tubes, les automates, mes observations au microscope etc… En publiant par la suite cette vidéo tournée en mode Vlog sur YouTube, je ne m’attendais pas à de tels retours : plus de 200 000 vues, près de 500 commentaires et des dizaines de messages d’inconnus sur les réseaux sociaux me posant des questions sur la Biologie Médicale ! 

Peu de temps après, Hichem et Lionel, du syndicat, m’ont « repéré » et m’ont invité aux BiomedJ à Paris pour projeter cette vidéo et parler de mon travail ! Cela a été un événement catalyseur dans mon parcours !

Je me suis mis à réaliser d’autres vidéos, sur différents thèmes : l’hématologie, la bactériologie, les parasites… avec à chaque fois le soutien inconditionnel des Biomed ! Les projets et les collaborations se sont ensuite enchainés tout au long de mon internat. Entre autres : j’ai eu la chance de filmer une greffe de cornée en ophtalmologie au CHU. Puis j’ai eu l’opportunité de monter à bord de Viking, l’hélicoptère du SAMU et survoler Rouen, dans le cadre d’un documentaire sur les Urgences ! J’ai aussi eu l’occasion de collaborer avec d’autres créateurs de contenu, comme Ped.urg, pédiatre et instagrammeur à Rouen, ou encore Aviscene, le médecin n°1 sur YouTube ! L’époque du film sur le ver solitaire tourné au smartphone commençait à me paraître lointaine. 
Au fil des années, mon travail a commencé à prendre une dimension plus professionnelle. J’ai investi dans du matériel informatique, une bonne caméra, des micros, un drone. Je me suis formé à la technique audiovisuelle. Il m’est donc apparu logique de créer une entreprise ! 
De plus, je me suis toujours intéressé à l’entreprenariat, c’était donc un premier pas dans cette belle aventure ! Cela m’a permis de travailler avec des sociétés prestigieuses, comme bioMérieux, pour qui j’ai tourné cette année un documentaire sur les innovations technologiques dans le domaine du diagnostic microbiologique, au Centre Hospitalier de Valenciennes. Ou plus récemment avec Roche et les Biomed, avec qui nous avons réalisé un spot de santé publique sur les HPV  qu’on a présenté aux BiomedJ 2022. 

 

Comment tu as su concilier tes deux vies professionnelles ? 

A la fin de mon internat, j’ai décidé de travailler comme biologiste TNS dans le secteur privé. Cela fait maintenant presque un an que j’exerce. J’aime beaucoup l’activité mixte qu’offre mon poste. Je suis responsable d’un site périphérique sur Rouen et j’interviens aussi sur un plateau technique. J’apprécie à la fois la biologie de proximité via le contact direct que l’on a avec les patients, les IDEL et les prescripteurs. Et l’activité plus technique que je retrouve sur le plateau, qui est orientée hématologie/biochimie. Néanmoins, en parallèle, mon activité de vidéaste me prend de plus en plus de temps et ne cesse de me faire vibrer.

C’est pourquoi récemment, j’ai pris la décision de consacrer la majorité de mon temps à la vidéo et de me donner à fond pour ma société de vidéos scientifiques, que je souhaiterais développer, tout en continuant à faire quelques remplacements en labo ! Je suis persuadé que la vidéo est un secteur porteur. Et comme on dit : une image vaut mille mots. Alors qu’en est-il d’une vidéo ? Mon diplôme de pharmacien biologiste, obtenu après 9 années inoubliables riches d’expériences et de rencontres, m’apporte les connaissances nécessaires pour illustrer tout type de sujet de santé en vidéo, mais aussi la force de travail et la rigueur pour entreprendre ! Et mon parcours, certes atypique, me permet de mixer les deux passions qui m’animent depuis toujours : la science et la vidéo.
Bref, voilà comment je switch régulièrement de l’objectif d’un microscope… à celui d’une caméra 😊

 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes ?

Un conseil que je donnerais à un jeune qui commence son internat de bio, ce serait de profiter de voir un maximum de choses, car mine de rien, quatre ans, ça passe extrêmement vite ! 
L’internat est une période privilégiée : on change de terrain de stage tous les 6 mois et on rencontre une multitude de professionnels de santé ce qui permet de découvrir de nombreuses spécialités. C’est l’occasion de passer dans différents secteurs et voir si l’on préfère travailler dans le privé, le public, si l’on veut se spécialiser ou non, avoir plus ou moins de contact avec les patients, etc… 
Un autre conseil que je pourrais donner, ce serait de développer une compétence dans un domaine (scientifique ou non) que l’on affectionne. Pour moi, c’était la vidéo et la communication, mais ça peut être aussi l’assurance qualité, l’informatique, le management etc… C’est toujours intéressant d’avoir un profil, au sein d’un laboratoire, qui se démarque au travers d’une compétence particulière !
Et enfin, dernier conseil et pas des moindres : regarder mes vidéos sur YouTube et vous abonner pour ne pas rater les prochaines 😉
Allez, je vous dis à bientôt !

 

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Tanguy Leroux
  • Créé le .